THE MANNISH BOYS: Shake For Me (2013)

Ce groupe fait preuve d’originalité en affichant deux chanteurs de front: Sugaray Rayford et Finis Tasby, le légendaire chanteur de blues de Los Angeles qui a fait ses premières armes à la basse derrière le bluesman ZZ Hill. Avec quatre vingt trois printemps au compteur, Finis Tasby, à la voix de vieux routier, donne une touche d’authenticité à l’ensemble.
Avec cet album, nous retrouvons les racines du blues et du black rock n’ roll des années quarante et cinquante. Tout dans ce disque nous rappelle d’ailleurs cette époque : la pochette, la production (écho, reverb', basses discrètes), la voix de Tasby, le choix des reprises, le son des guitares (juste saturées comme si l’ampli venait de tomber par terre, le haut parleur fendu). Le disque alterne des morceaux rapides dans le style jump /rock n’ roll et des blues au tempo lent (« Champagne And Refeer », « Last Night », « Those Worries »).

« Too Tired », repris des années avant par le regretté Gary Moore, est plein de fraîcheur. Nous avons la surprise d’entendre notre chouchou Mike Zito, en invité spécial, balancer un solo plein de punch sur « Mona » de Bo Diddley (couplé avec « Willie And The Hand Jive »). Un autre invité prestigieux, le phénoménal guitariste de blues rock californien Kid Ramos, se déchaîne sur « You’ve Got Bad Intentions ».

« Reconsider Baby », avec ses pêches de piano à contretemps et ses fonds de cuivres, nous replonge dans les fourties. « Half Ain’t Been Told », un blues au piano, présente un mélange entre Champion Jack Dupree et les junky blues de la grande époque.

« Number 9 Train », un jump blues avec seulement une guitare et une batterie dans le style de Hound Dog Taylor,
nous informe mieux sur la naissance du Rock n’ Roll. Sur « You Can’t Be Beat », un titre au genre black rock n’ roll fin des années quarante, le guitariste nous balance un solo époustouflant dans l’esprit de Charlie Christian (descentes blues/jazzy, très peu de tirés de cordes sauf pour changer la coloration de l’accord).

« The Bullet », un boogie instrumental, ravira les amateurs de Jump'n Jive qui envahiront la piste de danse. Car c’est là le fin mot de l’histoire et le but de cet album : la danse. Le rythme, le groove, la musique sur laquelle on danse en oubliant ses soucis. Après avoir écouté le disque, on comprend mieux la signification de sa pochette : quand les temps sont durs, seule la musique peut nous sauver ! Et malheureusement, plus le temps passe et plus cela redevient d’actualité. Le Blues ne mourra jamais !

Olivier Aubry